Pascale Piquet : Pourquoi on tient tant à récupérer son ex ?
Publié le 23 Décembre 2012
Premier réflexe, quand l’autre vous quitte : vous voulez le récupérer. Est-ce une bonne idée de s’accrocher à celui ou celle qui vous a viré ? Pourquoi vous agrippez-vous à une personne qui a ‘démissionné’ ? Est-ce la bonne chose à faire, que récupérer un ex qui ne veut plus de vous, pire qui vous a fait souffrir ?
Gare à la dépendance émotive
C’est un réflexe humain et naturel, quand vous barbotez dans la dépendance émotive : si l’autre vous quitte, il vous met dans le rejet et l’abandon et vous vous y accrochez, automatiquement, comme une bernique (coquillage impossible à décoller !) sur un rocher breton, une puce sur un chien ou un pou sur une tête d’enfant : question de survie. C’est bien pour cela que j’explique à mes clients qu’une rupture amoureuse, c’est comme un duel : celui qui tire le premier a gagné. D’autant qu’il sait, puisque vous vous traînez à ses pieds, qu’il peut revenir quand il veut : c’est rassurant. Il a, comme on dit au Québec « le gros bout du bâton ». Voilà pourquoi, quand vous quittez quelqu’un, il est essentiel d’être certain, à 100 %, que vous prenez la bonne décision : sinon, vous risquez de revenir et c’est l’autre qui se fera un malin plaisir de vous virer !
Quelles sont les réelles motivations qui poussent à vouloir récupérer son ex ?
Quelles sont vos motivations, quand vous souhaitez que l’autre revienne ? Il a l’antidote au poison qui vous traverse les veines : la solitude dans laquelle il vous a plongée, à laquelle lui seul peut remédier. J’avais entendu une légende en Inde, qui disait que lorsque le futur fiancé se présentait à la belle-famille pour demander la main de la jeune fille, on lui faisait boire un poison pour être sûr qu’il l’épouserait, sinon, il était condamné à mourir, car seule la famille détenait l’antidote : soit il revenait pour le mariage, soit il en crevait ! C’est ce que vous ressentez quand l’autre vous laisse tomber : il est le seul à pouvoir vous soulager, le seul à avoir l’antidote à votre immense souffrance… Que vous croyez ! Certains mourront de ce poison à petit feu (dépression), d’autres se suicideront, pensant ne plus pouvoir vivre sans celui ou celle qui est parti(e) et enfin d’autres tueront : pas de raison qu’un autre en profite ! Allons, allons, personne ne mérite que vous vous supprimiez, ni que vous supprimiez qui que ce soit : vous allez vivre et bien, de surcroît !
Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis !
Une rupture amoureuse, c’est la gifle qu’il vous fallait ou peut-être la troisième ou cinquième gifle qu’il vous fallait (certains sont longs à la détente : personnellement il m’en a fallu deux !) : c’est un ‘quitte ou double’. Soit vous comprenez que ce style de relation amoureuse va vous détruire, pire vous tuer (!), et vous réglez ça, soit vous repartez pour un tour et descendez d’un étage supplémentaire en enfer. Mais dans un premier temps, votre réflexe primaire, réflexe de survie, c’est de récupérer l’ex. Il vous fuit, vous le suivez ! Il vous donnait l’illusion de remplir un vide, l’illusion d’exister, il vous le faut à tout prix. Si vous êtes fermement convaincu(e) que l’autre est la seule solution, alors mettez tout en œuvre pour le/la récupérer : je sais, moi, que rien ne vous arrêtera, sinon prendre conscience de votre inconscience. Mais pour cela, il faudra souvent aller jusqu’au bout de l’horreur : seule une douleur intense vous réveillera, il faudra aller au-delà de votre résistance. On ira ! Certains de mes clients sont retournés dans la gueule du loup ou de la louve et je les rassure à chaque fois : « Je te suivrai jusqu’en enfer… ». Ils reviennent un peu plus démolis, mais l’évidence est là : c’est comme le chien de mes voisins qui se jetait sur le porc-épic et plus il avait mal, plus il se jetait dessus : il en est mort… Vous voulez vous jeter à nouveau sur le porc-épic, alors que vous saignez ? Votre ex devient mon meilleur allié, j’appelle ça la technique du cheval de Troie : plus mon client va ramper pour le/la récupérer, plus l’autre va le mépriser et plus il sera humiliant (c’est inconscient !) et le/la fera souffrir, donc il va user mon client jusqu’à la corde… de ses nerfs et de sa résistance.
La force inestimée de l’instinct de survie
J’attends simplement que l’instinct de survie s’enclenche et il va s’enclencher ! J’ai oublié de vous dire, au passage, que je choisis mes clients : je ne prends que les combatifs, parce que je sais qu’ils ont un instinct de survie incroyable. Les passifs, pardonnez ma franchise, se laisseront crever et je les comprends; ils en ont le droit. Chacun sa vie, chacun ses choix. Mais le combatif, une fois le fond touché, va se relever et se battre. Mais pour ce faire, il faut qu’il retourne se faire massacrer sur le ring de cette impossible relation amoureuse ! Tel Rocky qui se fait démonter le portrait, vous y retournez jusqu’à ce que l’évidence saute à vos yeux boursouflés !
La seule bonne raison de récupérer son ex
Et pourquoi voulez-vous récupérer votre ex ? Soit parce que vous pensez qu’il/elle est l’antidote à votre souffrance (comme si la drogue était l’antidote de la drogue !), soit, dans certains cas, pour le/la virer à votre tour ! Je l’ai vu maintes fois, cette stratégie : je m’accroche à l’ex jusqu’à ce qu’il/elle revienne et une fois que c’est fait, j’ai ce que je voulais, je m’en détache et je l’envoie promener ! Vous démolissez l’autre qui se retrouve à vous suivre comme un petit chien, alors qu’il vous avait quitté(e). Le seul cas où récupérer l’ex est sensé, c’est quand tout allait bien et vous avez fait une grosse bourde : vous avez dérapé, un soir de beuverie et trompé l’autre ou alors vous avez eu des mauvais comportements (ex : manque d’attention envers l’autre ou jalousie) et son départ vous a fait réaliser que vous teniez à cette personne et vous êtes prêt(e) à changer, comprenant le bien-fondé de ses reproches. Dans ce cas-là, vous avez une chance de récupérer l’ex, quand vous lui aurez démontré que vous avez fait une démarche pour changer. Mais quand vous me faites une liste longue comme le bras de toutes les horreurs que l’autre vous faisait subir et que vous terminez par « mais je l’aime », là, je souris !
La plupart des clients qui viennent de se faire virer veulent récupérer l’ex et sont prêts à tout et n’importe quoi pour ça : je les comprends très bien, puisque cela fait partie de la névrose. Et je ne les en décourage pas, puisque je sais que c’est impossible ! Alors je leur propose de travailler sur eux, je les rassure en leur expliquant que deux fois sur trois l’autre revient quand mes clients commencent à s’en désintéresser, puis à la fin du coaching, ils veulent quelqu’un d’équilibré dans leur vie et l’ex n’a plus sa place.
Alors, que décidez-vous ? De continuer à barboter dans la névrose ou de la régler ?!
Pascale Piquet