Les moyens de se prémunir des manipulateurs

Publié le 6 Avril 2010

Quelques moyens pour s’en prémunir

Prendre conscience.

Si nous nous croyons l’objet d’une personne manipulatrice, nous devons d’abord prendre conscience du type de manipulation à laquelle nous sommes exposé et vérifier dans nos autres relations ou dans notre passé si ce n’est pas le type auquel nous sommes le plus sensible. Si quelqu’un a perçu un ou des  points faibles chez-nous et qu’il s’en sert, il y a fort à parier qu’il n’est pas le premier. Pensez donc à une situation dans laquelle vous vous êtes senti manipulé et servez-vous du modèle de Shostrom ci-dessus.

Déterminer ce qui me motive à laisser la situation continuer.

Repensez à une situation de manipulation et répondez à ces questions. Qu'est-ce que je voulais éviter en me laissant manipuler ? Qu'est-ce que j'avais à gagner ?

Faire un inventaire de nos idées irréalistes.

Plusieurs d'entre elles peuvent peuvent favoriser la manipulation. En voici quelques-unes :

  • Je dois absolument être aimé de tous … ou d’une personne en particulier.
  • Je dois aider les autres pour être reconnu, aimé, important (sauveur).
  • Il faut tout savoir, ne jamais se tromper.
  • Je dois être parfait.
  • Il ne faut jamais changer d’avis.
  • Il faut toujours être généreux, ne jamais être égoïste.
  • Il faut toujours répondre aux demandes sous peine d’être un ingrat.
  • Il ne faut pas se plaindre, il faut endurer.
  • On ne peut pas me faire confiance.
  • Je n’ai pas de valeur.
  • On ne peut pas m’aimer.
  • Je ne sais pas prendre soin de moi
  • Les autres sont plus intelligents, plus performants, plus habiles que moi.
  • Il  va finir par comprendre.
  • Il  va finir par changer.
  • Il faut le comprendre (excuses).
  • Il faut être gentil tout le temps, sinon…
  • Il faut absolument s’entendre entre collègues, entre membres d’une même famille.
  • Parents et enfants doivent s’entendre à vie.

Faire le deuil d’une communication idéale avec le manipulateur.

On ne communique pas normalement avec un manipulateur. En effet, comme nous l'avons dit, il ne communique pas avec une personne, mais avec une chose. Ce qui caractérise le plus sa façon de communiquer, c'est la confusion. Il n'exprime pas clairement ses besoins, ses sentiments et ses opinions et ses réponses sont évasives. Souvent, il nous faut décoder entre le verbal et le non-verbal, deviner, interpréter. Par exemple, son langage non-verbal nous indique qu’il boude, qu'il est en désaccord, mais il dit qu’il ne boude pas, que tout est correct.

De plus, il fait de l’écoute sélective, n’écoutant que ce qui fait son affaire pour s’en resservir. La solution ne viendra donc pas de lui et il nous faut impérativement trouver des moyens de modifier cette communication faussée. 

Se donner un cadre pour comprendre les interactions.

Le cadre de l'analyse transactionnelle nous semble très pertinent pour comprendre les interactions qui se passent entre nous et les manipulateurs et c'est celui que nous développons dans nos ateliers. Ce modèle a le mérite d'être clair et s'applique particulièrement bien aux interactions que nous avons avec un manipulateur. Nous ne pouvons l'expliquer en détail dans ces lignes, aussi référons-nous le lecteur à une bibliographie sommaire sur l'analyse transactionnelle pour une explication plus élaborée de cette approche de la communication. Voici quand même quelques notions importantes de ce modèle.

Dans la plupart de leurs interactions, nous adoptons des comportements typiques que nous avons intégrés dès notre enfance au contact d'adultes significatifs que nous avons vus agir et auxquels nous avons dû réagir. Selon les spécialistes de l'analyse transactionnelle, la personnalité comporte trois états du moi : l'Enfant, le Parent et l'Adulte. Ces trois états sont présents en chacun de nous et interagissent dans notre communication avec nous-mêmes et dans nos communications avec les autres, et donc influencent nos comportements.

L'Enfant, c'est le moi émotif, spontané, intuitif, inventif, qui parle et agit sous le coup de l'émotion, impulsif. Ses réactions sont généralement passionnées. Le moi Parent amène l'individu à se sentir et à agir de la manière dont il a vu agir les figures d'autorité de son passé (père, mère, professeurs, patrons, collaborateur influent, héros, modèle). Quand la personne joue ce rôle, elle peut jouer le rôle d'un juge qui évalue les situations à partir de critères et de valeurs largement héritées de ses propres parents. C'est donc la partie morale, la transmission des valeurs morales, nos jugements et préjugés, nos opinions et notre notion du bien et du mal. Enfin, l'individu est en contact avec son moi Adulte lorsqu'il réagit à une situation et prend ses décisions à partir de faits réels et de l'analyse des conséquences, en se fondant sur des expériences vérifiées. C'est la pensée rationnelle, l'objectivité, l'esprit d'analyse et de déduction. C'est l'état de la personne qui est en contact avec la réalité.

Lorsqu’on entre en relation avec d’autres personnes, nos aspects Parent, Adulte ou Enfant entrent en contact avec leurs propres aspects Parent, Adulte ou Enfant, selon le cas. On appelle ces échanges des transactions.

Certains rapports ou certaines transactions sont plus susceptibles de présenter un danger de manipulation : par exemple, les transactions Parent- Enfant et les transactions Enfant-Parent.

Avec les manipulateurs, nous devons apprendre à décoder ces transactions problématiques, voir les rôles qui se jouent et essayer de les casser s'il y a lieu, en ramenant la communication sur un plan rationnel, donc Adulte. Il est donc impératif de réfléchir avant de parler, de prendre un recul et de tout faire pour ramener notre réponse sur le plan rationnel.

Développer son estime de soi

D'abord, en développant des croyances qui assurent une bonne estime de soi. Même si ce n’est pas facile de développer de nouvelles croyances, il reste que nous devrions prendre modèle sur celles des personnes qui ont une bonne estime d’elles-mêmes (note 4). Par exemple :

  • Je fais confiance à mon corps, à ce que je ressens.
  • Tout le monde a droit à l’erreur, moi aussi.
  • Je ne suis pas parfait.
  • J’ai de la valeur, quoiqu’il arrive.
  • Je suis capable d’apprendre, d’influencer.
  • Ce que je ne sais pas, je peux l’apprendre.
  • Je peux dire non à tout moment, changer d’idée et exprimer mes véritables sentiments.
  • Je ne mourrai pas...

En terminant, voici huit règles pour une bonne estime de soi que propose Catherine Cardinal dans son excellent volume The Ten Commandments of Self-esteem (voir note 5) et qui nous semblent appropriées dans le cadre de cet article.

  • Évitez la compagnie de ceux qui vous font vous sentir moins que ce que vous êtes, et qui remettent en question vos valeurs.
  • Cessez de chercher explication et sens aux comportements des autres qui n'en ont pas.
  • Évitez de fréquenter les personnes plus dysfonctionnelles que vous.
  • Faites confiance à votre corps, à ce qu'il ressent, à votre intuition.
  • Permettez-vous de dire non à tout moment, de changer d'idée et d'exprimer vos véritables sentiments.
  • Ne donnez jamais au-delà de vos capacités.
  • N'accordez pas trop d'importance à l'opinion des autres et à leurs critiques.
  • Célébrez tous les jours vos propres louanges; faites taire la critique et développez le protecteur en vous.

En terminant

Remarquez que chacun de nous a potentiellement en lui tous les comportements manipulateurs illustrés plus haut. Nous en utilisons probablement même quelques-uns avec certaines personnes, d'autres avec des personnes différentes. Cela devrait nous rendre prudent avant de porter un jugement sur quelqu'un à partir des opinions des autres. Souvent, en effet, elles n'ont vu que certains aspects de ces individus.

En terminant, rappelons-nous que réduire autrui à un moyen, c’est s’exposer soi-même à être traité de la même manière.

Rédigé par Kilou

Publié dans #En sortir

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