Les discours négatifs à l’encontre des victimes de violences psychologiques
Publié le 27 Janvier 2013
Les discours négatifs à l’encontre des victimes de violences psychologiques sont quasi toujours les mêmes.
« Les victimes sont maso »
Définition masochiste : « une personne qui cherche du plaisir dans la souffrance ».
Je n’ai jamais vu, lu, de personnes victimes de violences psychologiques jubilant à souffrir, par contre j’ai vu, lu des personnes jubilant à faire souffrir des personnes victimes en se raillant de leurs souffrances.
Croire, parce qu’une personne victime de violences psychologiques met du temps à prendre conscience des vrais problèmes (et non ceux mis en avant par l’agresseur/sseuse psychologique pour brouiller la réflexion et de sa victime et d’autres), parce qu’elle met du temps à se sortir de l’emprise et du conditionnement, qu’elle serait masochiste, c’est juste ne pas comprendre les mécanismes des violences psychologiques (voir ne rien faire pour les comprendre).
« Les victimes sont complices »
Définition complice : « personne qui prend part à un délit, à une action répréhensible ».
Si il y a complicité, c’est qu’il y a un « délit ». La victime de violences psychologiques aiderait son agresseur/sseuse à l’agresser (ce qui rejoindrait le masochisme ci-dessus).
On met donc ainsi la «lumière » sur la victime, et l’agresseur et le délit restent dansl’ombre.
Comment peut on dans ce cas là ne juger qu’une partie d’un système qui serait un tout ? Si on juge la victime complice, faut aussi juger l’autre « complice » et le délit.
Pourtant dans les discours décrivant la victime comme complice, les seuls « arguments » sont ceux à sa décharge, comme si le reste n’avait pas son importance.
« Les victimes sont dans la haine »
Définition haine : « aversion profonde, violente pour quelqu’un, pour quelque chose ».
Quand une victime de violences psychologiques raconte ce qu’elle a vécu, c’est normal que des émotions ressortent. Si elle avait un discours d’amour vis-à-vis de celui/celle qui l’a agressée, on lui reprocherait d’être masochiste.
Donc quand la victime subit, elle est masochiste, et quand elle raconte, elle est haineuse… n’aurait elle pas le droit à des émotions, des ressentis de ce qu’elle a vécu ?
Dans les violences psychologiques, ce n’est pas la victime qui est dans la haine, mais son/sa agresseur/sseuse psychologique.
« Les victimes sont dans la vengeance »
Synonymes vengeance : « punition, revanche, riposte ».
Le jugement de vengeance est le jugement de personnes extérieures, qui parce qu’elles lisent tel ou tel témoignage en viennent à penser que les victimes qui témoignent, racontent sont dans la vengeance. Comme si raconter était une vengeance ? Donc une victime n’aurait pas le droit de parler de ce qu’elle a subi, subit ? Et pourquoi n’en aurait elle pas le droit ?
Parler est une défense à des agressions, pas une vengeance. La victime devrait tendre l’autre joue ? Ce qui rejoindrait le jugement négatif qu’elle serait masochiste…
Quand on parle de vengeance, c’est qu’il y a eu des faits antérieurs qui expliqueraient cette vengeance décriée… pourtant là encore ces faits là ne sont pas abordés, juste la conséquence ressentie par d’autres.
« La victime a une vision manichéenne du monde »
Définition manichéen : « qui sépare sans nuance le bien et le mal ».
Quand des personnes ont « tapé », « tapent » sur une victime, et que celle-ci raconte ce qu’elle a subi, subit, où est le manichéisme ? Parce qu’elle parle de faits existants, elle est manichéenne ?
Quand un/e agresseur/sseuse psychologique est démasquée/e par sa victime, qu’elle veut sortir de cette relation toxique et destructrice, celui/celle-ci va multiplier et amplifier les agressions et les tensions Témoigner de ce qui se passe à ce moment là c’est évidement raconter des faits négatifs, qui font du mal et qui sont faits pour faire du mal, la victime ne va pas raconter des actions constructives et positives (déjà parce qu’elles n’existent pas) juste pour ne pas être taxée de manichéenne.
« Les méchants ont toujours existé »
(d’autres termes peuvent être utilisés, comme « cons/nes, « salauds » etc…)
Et alors ? Parce que des « méchants » ont toujours existé, on doit tout accepter sans réagir ? Une victime n’aurait pas le droit de témoigner parce que les « méchants » ont toujours existé ?
« Il ne faut pas mettre les personnes dans des cases »
Une victime n’aurait pas le droit de qualifier son/sa agresseur/sseuse de manipulateur/trice, de pervers/e narcissique, de harceleur/euse… d’après ce qu’elle a vécu, parce que ce mot serait stigmatisant pour l’agresseur/sseuse ? Aurait elle le « droit » de subir sans avoir le « droit » d’analyser, de mettre un mot sur ses maux ? Et pourquoi donc ? Pour quelles raisons logiques, cohérentes ?
Et la victime qui est mise dans les cases « victime maso », « victime complice » etc… elle doit accepter d’être mise dans de telles cases sur des jugements de personnes extérieures qui se font des idées sur leurs seuls jugements, sans écouter les faits des victimes ? Dans ces cas là la victime n’est pas stigmatisée ? Ceci ne lui porte pas préjudice ?
Certaines personnes dans les jugements négatifs à l’encontre des victimes expliquent aussi que mettre les agresseurs/sseuses psychologique dans une « case » c’est porter préjudice à l’avenir de ceux/celles-ci. Donc pour préserver l’avenir d’un/e agresseur/sseuse psychologique, il faudrait que sa victime se taise. Et l’avenir de la victime ?
« La victime est parano »
Définition paranoïaque : « qui se sent persécuté/e. Pathologie : qui souffre de psychose délirante caractérisée par une surestimation de soi et un raisonnement logique ».
La victime se sentirait persécutée ? Elle ne se sent pas persécutée, elle l’est. Croire que ce serait un ressenti imaginaire, c’est juste ne pas accorder à la victime du temps et de l’écoute pour entendre son témoignage.
« Surestimation de soi » ? Une victime de violences psychologiques se surestimerait ? Un agresseur/sseuse psychologique abîme (pour détruire) l’estime de soi de sa victime. Il/elle ne veut absolument pas qu’elle s’estime, et encore moins qu’elle se surestime. Quand la victime se reconstruit, elle va agir pour retrouver cette estime d’elle-même (ce qui est un danger pour l’agresseur/sseuse psychologique), ce qui demande du temps.
Quand une victime est jugée parano, c’est encore une excuse pour ne pas l’écouter, pour ne pas agir (puisqu’il n’y a rien, juste des délires de la victime).
« La victime est une personne frustrée »
Définition frustration : « état de quelqu’un qui est frustré/e, empêché/e d’atteindre un but, de réaliser un désir ».
Ce terme est souvent utilisé négativement à l’encontre de la victime dans ces cas là, pour mettre en avant que ce serait la personnalité « frustrée » de la personne ciblée qui ferait qu’elle se sentirait victime.
Mais frustrée de quoi ?
Si on prend la définition telle que les dictionnaires l’énoncent, si une victime se sent frustrée, c’est d’être empêchée de se sortir d’une relation destructrice (et non pas de s’empêcher de s’en sortir).
« Les violences psychologiques sont une problématique de couple »
Et quand les violences psychologiques se passent entre parent et enfant, c’est une problématique du couple « enfant-parent » ?
Et quand les violences psychologiques se passent dans le monde du travail, c’est une problématique du couple « employé-chef » ou « collègue-collègue » ?
Et quand les violences psychologiques se passent dans la sphère amicale, c’est une problématique du couple « ami/e-ami/e » ?
Quelle que soit la sphère concernée, les mécanismes de violences psychologiques sont les mêmes. Ce n’est pas la sphère concernée et son « couple » qui engendrent des violences psychologiques, c’est l’agresseur/sseuse psychologique.
« Il y a des fausses victimes »
Une fausse victime est un/e agresseur/sseuse psychologique qui tentent, voir arrivent, à renverser les rôles. Cette inversion (se faire passer pour la victime en étant l’agresseur/sseuse) est une tactique de manipulation dans les violences psychologiques commise par l’agresseur/sseuse.
Parce que des agresseurs/sseuses psychologiques arriveraient à inverser les rôles, à se faire passer pour des victimes, il faudrait douter de TOUTES les victimes ?
« Il y a déjà trop de répressif, trop de législation… »
Les tribunaux en sont encombrés.
Que les tribunaux soient encombrés c’est peut être un fait. Mais cet encombrement ne s’explique pas par le « trop » de législation, mais par le manque de moyens mis en place. Si on décide d’édicter des lois et qu’on ne décide pas de donner les moyens pour ces lois, c’est un problème de décision politique, de budget etc… mais pas des lois en elles-mêmes.
La loi de 2010 sur les violences psychologiques n’a guère encombré les tribunaux, vu qu’il n’y a eu aucune condamnation jusqu’à présent.
« Je te juge sur l’instantané de ton témoignage »
Un témoignage est un résumé de ce que la victime de violences psychologiques vit, a vécu.
Certaines personnes extérieures vont juger la victime sur ce seul témoignage sans chercher à comprendre les causes qui ont produit ce témoignage (la conséquence de causes et non l’inverse) et sans chercher à comprendre non plus dans quel état elle peut être, ni à quel moment elle en est de son cheminement personnel (en zappant aussi la durée des violences psychologiques).
« Que du subjectif »
Les violences psychologiques sont réduites là à du « parole contre parole », où rien ne serait prouvable.
Les manipulations, les agressions de l’agresseur/sseuses psychologiques sont faites pour qu’elles ne soient pas prouvables, autrement ce ne seraient pas des violences psychologiques.
Quelqu’un qui manipule pour agresser ne va pas laisser de preuve de ce qu’il/elle fait, autrement il/elle n’aurait pas besoin de manipuler.
Mais l’état de la victime est une preuve en elle-même, à qui veut faire la démarche de regarder et écouter.
Dans la multiplicité des témoignages des victimes de violences psychologiques, on peut (si on le veut) remarquer les similitudes dans les récits, les mêmes mécanismes racontés. Mais ce nombre ne fait poser aucune question ? L’argument du quantitatif ne fonctionne pas pour les victimes ?
Parce qu’il manquerait des témoignages d’agresseur/sseuses psychologiques ? Un/e agresseur/sseuse psychologique va raconter ce qu’il/elle fait, alors que justement il/elle ne veut absolument pas être décrypté/e ? Si il/elle reconnaît ce qu’il/elle fait, c’est comme agir contre lui/elle-même.
« Ce que la victime raconte est inimaginable »
Définition imaginer : « concevoir, se représenter des choses dans l'esprit ».
Synonymes inimaginable : « impensable, invraisemblable, inconcevable, incroyable, extraordinaire, étonnant ».
La personne qui lit le témoignage d’une victime, parce qu’elle n’arrive pas à imaginer ces faits (à se les représenter), en vient à penser que c’est inimaginable, donc que ce ne peut se concevoir. Enfin c’est cette personne qui en vient à cette conclusion parce que ELLE n’arrive pas à concevoir.
Ce n’est pas parce qu’on n’arrive pas à imaginer des faits décrits par une victime, que ces faits n’existent pas.
« La victime se victimise »
Définition victimiser : « considérer, désigner quelqu’un comme une victime. »
Définition victimisation : « fait de transformer en victime ».
(vous pouvez taper sur un moteur de recherches sur internet les mots « définition victimisation », ou « définition se victimiser », compliqué de trouver des définitions dans des dictionnaires généraux).
Si on part des deux définitions ci-dessus.
La victime se désignerait elle-même victime ? Et alors, elle n’en a pas le droit ? Elle sait ce qu’elle a subi parce qu’elle l’a vécu, et elle n’a pas le droit d’utiliser le mot victime ?
La personne qui témoignerait se transformerait en victime ? Une victime est une personne « qui a subi un mal, un dommage » (définition dictionnaire Larousse), mais une personne qui raconte ce qu’elle a subi n’est pas une victime. Il y a comme un illogisme.
Des personnes extérieures dans les jugements négatifs à l’encontre des victimes vont encore plus loin : « les victimes se complaisent dans la victimisation ». C’est juste ne pas comprendre grand-chose aux mécanismes des violences psychologiques.
Les témoignages de victimes de violences psychologiques démontrent qu’il y a des similitudes dans les mécanismes des violences psychologiques, et chaque témoignage permet de contribuer aux décryptages de ces mécanismes pour aider les victimes.
Les réactions négatives à l’encontre des victimes de violences psychologiques sont très souvent les mêmes. Mais si les personnes qui émettent ces jugements négatifs demandent à la victime de se justifier sur ses mots, elles ne s’appliquent pas le même principe. Pourtant elles pourraient se poser la question : « pourquoi je réagis contre les victimes ? », et comprendre ses motivations personnelles.
Sur internet, il y a des personnes dans les jugements négatifs qui vont très loin dans les provocations aux victimes, tout en « s’étonnant » qu’elles réagissent, voir se servent de ces réactions pour « prouver » leurs « thèses ».
Une personne qui ne veut pas comprendre ce que sont les violences psychologiques ne fera pas le moindre effort pour aller vers une compréhension. Elle a des certitudes basées sur ses seuls jugements, et polémiquer avec une/des victimes ne lui sert qu’à renforcer ses aprioris, et elle se fiche des conséquences d’échanges négatifs sur une victime. Elle est dans sa théorie, et la réalité de la victime n’existe pas.
Ces personnes qui émettent des jugements négatifs reprochent très souvent aux victimes de ne pas savoir prendre du recul sur leur histoire. Il faut du temps pour arriver à prendre du recul, et ce n’est pas en provoquant une victime qu’on l’aide (bien au contraire, ou alors c’est ce contraire qui est recherché). Mais si on demande à une autre personne d’apprendre à prendre du recul, il faut s’appliquer à soi le même principe.
Les discours négatifs à l’encontre des victimes servent en fait les agresseurs/sseuses psychologiques. Si il est arrivé à faire croire que les personnes qui témoignent ne sont pas victimes de faits, mais de problèmes personnels dus à leur seule personnalité, c’est que les violences psychologiques n’existent pas, et donc qu’il n’y a pas besoin ni d’en parler, ni d’agir.
Source: https://www.facebook.com/notes/nat-entraideapn/les-discours-n%C3%A9gatifs-%C3%A0-lencontre-des-victimes-de-violences-psychologiques/10151434013962792